Cannabis, marijuana,… quel est l’impact des substances psychoactives sur la fertilité masculine ?

Les substances psychoactives sont des « substances qui, lorsqu’elles sont ingérées ou administrées, altèrent les processus mentaux, comme les fonctions cognitives (mémoire, calcul, attention, langage, jugement, efficacité…) ou l’affect (humeur). »(1) Les ravages causés par ces drogues sont grandissants dans une population Africaine majoritairement jeune, sans emploi et pauvre (2). L’abus de ces substances se fait alors généralement dans un contexte récréatif dans une population désœuvrée avec pour but de s’évader momentanément d’une réalité cruelle qui s’impose à eux. Ces drogues peuvent être légales (pouvant être dispenser contre une prescription médicale ex : tramadol, codéine et morphine) ou illégales (ex : marijuana, cocaïne et héroïne) et certaines drogues licites sont à l’origine de désastres sanitaires dans plusieurs pays africains dont le Nigéria (3) et le Cameroun (4).

Les dommages engendrés par l’utilisation abusive de ces drogues sont d’ordres économique, social et sanitaire. Tandis que la société est bien informée sur les dommages psychiques entraînés par les substances psychoaffectives, très peu savent quelles sont les conséquences reproductives de l’utilisation abusives de ces drogues. Ceci est d’autant plus important dans la société africaine qui accorde un poids important à la capacité à avoir des enfants. Par conséquent, ce qui représente au départ un problème uniquement médical devient alors un problème social. Malheureusement, dans la société africaine la femme est généralement pointée du doigt et accusée d’être la source de cette « malédiction ». Ceci bien sûr en opposition aux données qui révèlent que dans plus d’un cas d’infertilité sur trois l’homme est le partenaire infertile.

Commençons par le cannabis/la marijuana qui est obtenu(e) à partir des feuilles séchées de Cannabis sativa. Déjà en 1974 Kolodny et al retrouvaient une oligozoospermie (peu de spermatozoïdes) chez plus de 33% des fumeurs chroniques de marijuana (5). Ceux là étaient donc à un désavantage parce qu’ils produisaient moins de 15 millions de spermatozoïdes par mL de sperme.

 

1. Pourquoi est-ce un désavantage ?

La fécondation est une course pleine d’embuches. Afin de mettre toutes les chances de son coté l’homme, doit produire un grand nombre de spermatozoïdes pour à la fin avoir un « vainqueur » qui saura pénétrer l’ovule et aboutir à un œuf.

2. Comment la marijuana affecte-elle la fertilité ?

 

· Elle diminuerait le taux d’hormone permettant la sécrétion de spermatozoïdes (Luteinizing Hormone – LH) (6)

 

· Elle diminuerait la motilité des spermatozoïdes et leur capacité à pénétrer l’ovule

 

· Elle favoriserait le suicide (apoptose) des spermatozoïdes (7)

Les drogues licites entraînent le dysfonctionnement de tout le système hormonal comme un virus informatique en inhibant la communication entre les différents organes hormonaux sexuels (6) c’est-à-dire entre : le PCA (hypothalamus), le DG (hypophyse) et le chef d’équipe (testicule).

 

En résumé, la consommation de drogues licites et/ou illicite est nocive non seulement pour l’individu, son couple, sa famille, sa communauté mais aussi pour sa descendance. Il est vrai qu’il existe aujourd’hui des solutions et des alternatives à l’infertilité du couple mais elles demeurent pour l’instant difficile d’accès géographiquement et financièrement à la majorité des couples concernés. Nous préconisons donc la prévention parce qu’après tout « prévenir vaut mieux que guérir. »

 

Par Ulrick Sidney Kanmounye, Quatrième Doctorat Médecine, Université Technologique Bel Campus, RD Congo, Assistant de Recherche, Harvard, USA

 

REFERENCES

1. OMS | Substances psychoactives [Internet]. WHO. [cited 2019 Jun 15]. Available from: https://www.who.int/substance_abuse/terminology/psychoactive_substances/fr/

2. Jeunesse africaine : bombe à retardement ou opportunité à saisir? | AfriqueRenouveau [Internet]. [cited 2019 Jun 15]. Available from: https://www.un.org/africarenewal/fr/magazine/mai-2013/jeunesse-africaine-bombe-%C3%A0-retardement-ou-opportunit%C3%A9-%C3%A0-saisir

3. CNN BA. Nigeria recalls 2.4 million bottles of codeine-based cough syrup to fight abuse [Internet]. CNN. [cited 2019 Jun 15]. Available from: https://www.cnn.com/2018/07/30/africa/nigeria-drug-recall/index.html

4. Focus – Cameroun : les ravages du Tramadol, drogue de synthèse prisée des jeunes [Internet]. France 24. 2018 [cited 2019 Jun 15]. Available from: https://www.france24.com/fr/20180423-focus-tramadol-crise-drogue-cameroun-education-desintoxication-afrique-opioide-trafic

5. C. Kolodny R, H. Masters W, M. Kolodner R, Toro G. Depression of Plasma Testosterone Levels after Chronic Intensive Marihuana Use. N Engl J Med. 1974 May 1;290:872–4.

6. Sansone A, Di Dato C, de Angelis C, Menafra D, Pozza C, Pivonello R, et al. Smoke, alcohol and drug addiction and male fertility. Reprod Biol Endocrinol RBE [Internet]. 2018 Jan 15 [cited 2019 Jun 15];16. Available from: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5769315/

7. Fronczak CM, Kim ED, Barqawi AB. The Insults of Illicit Drug Use on Male Fertility. J Androl. 2012;33(4):515–28.

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